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30 août 2015 7 30 /08 /août /2015 09:07

La foule sentimentale se divise grossièrement en deux. Ceux qui cherchent l'autre pour faire équipe dans un grand plan aux lignes claires qu'ils n'ont pas tracé; ils n'en choisissent que les variables, avec pour finalité la création d'un patrimoine (des murs, de l'argent, des enfants). Et ceux - bien plus sensibles à l'ennui intrinséque d'exister - qui cherchent l'autre comme on cherche les emmerdes, pour faire résonner le monde d'un écho puissant. Comptez-moi dans les rangs de la frange extrême de cette quête désorganisée. Ma tendance se résume en quelques punchlines. "Si c'est pas compliqué, ça m'intéresse pas." "Adopte-une-cassoc'.com." "J'irais draguer à la sortie des HP."

Je rentre régulièrement en commerce amoureux avec des artistes, des chercheuses universitaires, des auteures, des photographes... il s'avère après quelques heures de discussions qu'elles se mutilent les bras, ne mangent pas ou vomissent, ne supportent pas les gens, baisent beaucoup en fuite d'une tristesse infinie, n'appellent plus personne maman ou papa, trimbalent dans leur sac de fille les base d'une pharmacie des urgences psy et récitent d'une mémoire égale Baudelaire, Camus et le dictionnaire Vidal.

Existe-t-il un nom pour une paraphilie qui consiste à aimer les gens brisés et ingérables ? Névrophilie ? Bipolove ? Whatever.

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18 août 2015 2 18 /08 /août /2015 00:34

Demain chez pôle emploi, je leur vanterais tout l'apport de ce stage de réorientation pro que je fais chez eux. Cette foudroyante prise de conscience de mes aspirations profondes et des mes compétences trop longtemps ignorées au profit d'une utopie personnelle vague et anti-méritocratique. Je serais leur Bodus sauvé des eaux, ils seront mon Christ et moi l'aveugle à qui on a rendu la vue.

A la rentrée, je serais sans doute et très sincèrement affairé à quelque projet grandiose dont le non-moindre des mérites aura été de réconcilier l'avenir du journalisme, un faisceau large de la pensée humaniste et un modèle économique disruptif, hardi, qui pèse dans le game.

Le 3 septembre, jour de mon anniversaire, je ferais de mon mieux pour faire semblant d'en avoir quelque chose à foutre d'être né ce jour là (que par ailleurs j'aime bien - c'est un jour du frémissement) et je planterai mon regard dans celui de mon père pour lui faire mesurer les 365 jours de sagesse supplémentaires qui me rapprochent - il va sans dire - d'un idéal d'épanouissement et de réussite personnels conformes aux canons d'un entre deux capitalisto-artistique dans l'air du temps, référencé.

En 2025, je suis député européen, j'incarne la voix du libéralisme individualiste que d'aucuns qualifieront de satanique et les pires choses rapportées à mon propos sont vraies. J'organise des orgies avec des mineures. Je me suis mis bien avec les lobby pharmaceutiques pour m'assurer une consommation personnelle illimitée d'anxiolitiques et de psychotropes tout en vantant publiquement les bienfaits civilisateurs, compensatoires et récréationnels de la technologie bio-chimique. Le tee shirt le plus porté en free party en 2020 porte le logo "Xanax".

Ca ou bien je suis devenu écrivain.

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11 août 2015 2 11 /08 /août /2015 20:00

L'accès des gros à l'amour et à la baise, cet épineux sujet. On a longtemps blâmé les rédactions des magazines de véhiculer une image de la femme irréaliste. Ce sont les annonceurs qui exigent cette représentation du corps en moyenne 23% plus maigre que celui des femmes normales. Les marques (fringues, cosmétiques...) créent très tôt dans la psyché de leur cible un problème narcissique, que leurs produits seront là pour résoudre. Je ne suis pas convaincu que cette stratégie commerciale dégueu fonctionne sur tout le monde. Mais soit. Répandre le poison pour vendre le médicament. Savoir tout ça ne suffit pas à surpasser mes préoccupations IMC. J'ai un déficit d'intérêt affectif et sans doute libidineux pour les nanas biens en chair, en surpoids ou grosses. NB: je n'emploie pas l'expression à la mode "en situation de". Ca serait généraliser la théorie de l'accident à des situations diverses, parfois chroniques. Mais oui, je me considère globalement comme grossophobe, jetez-moi des oeufs.

L'hiver dernier, il m'est arrivé deux trucs. J'ai perdu 13 kilos sur 3 mois et j'ai passé un enivrant week end sentimental et sexuel avec une jeune femme vraiment grosse. Pour perdre du poids (parce que je ne me plaisais plus ou parce que quelqu'un m'a bêtement fait sentir que quelques kilos en trop me rendait "insuffisamment" désirable) sans arrêter l'alcool ou le sucre dans mon café (le vrai, pas ces merdes immondes d'aspartam ou de stévia), j'ai dû ruser. J'ai d'abord brutalement cessé de manger pendant 3 jours (symbolique christique, tavu) en conservant quand même le loisirs de boire du jus de tomate quand j'en pouvais plus. C'était pas prémédité. J'en avais envie, je l'ai fais. Puis, j'ai limité mon alimentation au contenu d'un bol quotidien minuscule (à vue de nez 25 ml) dans lequel je mettais viande blanche, légumes, poissons. Bien entendu, ni fromage, ni féculents, ni pain, ni sauce. C'est à ce moment que j'ai compris le caractère vraiment subversif de l'anorexie volontaire. Camus disait que le seul vrai problème philosophique sérieux était le suicide. Il y a de ça dans le fait de lutter contre son corps pour l'affamer. On atteint ce point de dissociation entre le corps et l'esprit ou les deux entrent en guerre froide. Avant de me remettre à manger, au bout du troisième jour et en allant acheter mes bières au Carrefour city du coin, j'avais l'impression que la moindre victuaille de bouffe me violait les narines, s'apprêtait à s'expulser de son rayonnage pour me sauter dessus. Les marxistes et les décroissant devraient apprécier la métaphore. Je me souviens aussi, dès le deuxième jour de cette incroyable sensation de légèreté, de marcher sur des nuages. On hallucine, on atteint d'autres sphères et la sensation même de faim tend à disparaître.

A la même période, je suis devenu assez fort en calcul mental. Pour remplir le bol, je sélectionnais mes aliments en fonction de leurs valeurs caloriques et passait un temps élastique au supermarché à comparer les étiquettes, faire des addictions qui convergeaient toutes vers le respect du même budget calorique total. Un adulte consomme environ 2000 kcal/jour. Si je voulais continuer à ingérer aux environs de 1000 calories de boissons alcoolisées quotidienne, il me fallait - pour maigrir - limiter mon alimentation à 500 calories (l'équivalent d'un Big Mac). Limpide ! Mieux encore, les plats sont devenus des "projets". Cette semaine, je vais attendre le jour où j'ai prévu de m'offrir un Isoudjoudon au Mikado. Celle d'après, je pense très fort à un Doner Kebap poulet sauce blanche que je dégusterais samedi soir. Avant ça, le bol et son rituel immuable.

Dans cet état d'esprit là, les repas de famille grassouillets, copieux apparaissent comme une sorte de punition, exécutés par des bourreaux bienveillants. Je me souviens d'un repas d'affaire inopiné. Nous étions avec mon associé invités par une importante cliente dans un des plus fameux restaurant de la ville, connu pour ses fruits de mer. Je me souviens de la colère qui consiste à ne pas pouvoir dire non quand elle me proposait de reprendre une paire d'huîtres supplémentaires ou un peu de homard. Je me souviens de la joie agressive, revancharde en dégueulant tout ça 1 heure et demi plus tard dans le confort des wc de mon bureau.

Me faire vomir était exceptionnel mais je crois que j'ai pigé le truc. La beauté sauvage de faire semblant de participer à la consommation résignée des imbéciles heureux et d'un simple gros fuck off au fond de la gorge, renverser le processus. Soudain, on se montre l'envers du décors, on entre en dissidence, on se réjouit de la pure perte. On est le joker de Ledger qui vante la beauté prolétarienne de la poudre et du kérosène avant de foutre le feu à une montagne de fric.

Oui, régurgiter ce qu'on devrait aimer jusqu'à la digestion complète, c'est aussi embrasser et faire sienne l'absurdité du monde. C'est une expérience incroyablement romantique. Le problème c'est qu'on peut y prendre goût. En faire un rituel. En crever.

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11 août 2015 2 11 /08 /août /2015 11:41

La BaGarre dit qu'elle fascinait la plupart de ses ex, trop contents de trouver plus torturée qu'eux et se voyant confier la responsabilité conjugale de quelqu'un de plus misérable, d'une femme à sauver. Eux-mêmes n'allaient pas bien mais considérant les conditions d'existence de la BaGarre, ils mesuraient l'étendu de leur privilège. La vie était pénible mais pas à ce niveau d'insupportabilité. Au final, elle les as tous rendu suffisamment cinglés pour devoir consulter ou s'offrir un répit en HP. Eux-mêmes n'allaient pas bien, elle les a sans doute sauvé.


De toute façons, tout ce truc du sauvetage, "l'amour guérit", c'est Bullshit Maximus. Vraiment, "priez" pour ne jamais avoir à sauver quelqu'un que vous aimez vraiment. C'est une dette maudite pour les deux partis. Impossible à rééquilibrer. Jenga. Le mieux du moins pire consiste à sauver que des gens que l'on aime "un peu" ou bien de parfaits inconnus. Sans enjeux sentimentaux préalables trop forts. Là s'établit un point de départ relationnel stable. Quelque chose comme une hiérarchie - au sens de place - naturelle à prendre ou à laisser. Mais il faut s'entendre dire plusieurs fois "Tu m'as sauvé" pour en saisir finalement tout le caractère sexuel, résolument tourné du côté de la prédation. Sauve ton ex de son addiction à l'héroïne, tu pourras te permettre de ne pas être celle qui l'a le mieux sucé, tu seras "au dessus"/"au-delà". Réussi à ce que cette fille arrête de son propre chef et pour un temps de se tailler les bras au cutter, le palmarès de ses amants sera, en comparaison de toi, stocké "ailleurs". That's how it goes. Everybody knows.

Je ne dis pas que la mansuétude, le souci de l'autre, l'empathie active et les sentiments héroïques procèdent d'élans avilissant. Pour ma part, j'accepte volontiers de ces inclinaisons leur caractère animal, à chercher du côté du besoin de dominer. On sauve pour avoir le sentiment de créer une rupture dans l'ordre du réel et être vénéré. Avoir au moins aux yeux d'une personne dans ce putain de monde, un autel qui nous élève au dessus de la chair. L'entretien du souvenir illusoire mais précieux d'être apparu, un moment, d'un seul geste, absolument bon.

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5 août 2015 3 05 /08 /août /2015 08:43

Hier avec la BaGarre, j'ai rematé The Pervert's Guide to Ideology. C'est un film à la fois profond et hilarant animé par Slavoj Zizek qui se ballade dans les sous-entendus des grands classiques du cinéma. A un moment, Zizek raconte le renversement opéré par les patients sur les divans des psychanalystes. Avant, on culpabilisait de trop jouir. Aujourd'hui, on culpabilise de ne pas assez "profiter". Il y aurait donc une injonction à jouir produite par l'idéologie. C'est en gros le propos. Il ne me paraît pas si évident que cela. Ou alors il l'est autant que la rumeur puritaine qui soupire: "le sexe est partout !". Je vois des mannequins femmes ou hommes sur des affiches avec des traits et des silhouettes "populaires" ou conformes à un dogme socio-publicitaire -qu'il appartient à chacun de refuser-, je ne peux pas appeler ça du sexe. Il y a des sous entendus graveleux, des déhanchés sensuels ou salaces dans des clips. Ce n'est toujours pas le sexe. Il y a du sexe dans la pornographie accessible en ligne mais ce n'est pas automatique le sexe qui m'intéresse. Le sexe est une invitation au rapport à soi. Non, ce que dit une phrase comme "le sexe est partout", c'est la peur du territoire menacé par un ennemi invisible.

Oh, il y a bien des invitations frauduleuses à désirer. Par exemple, mon fil FB m'affiche ces derniers jours des photos de jeunes femmes surtitrées "Envie d'une petite amie ?" suivie de l'adresse d'un site de rencontre. L'arnaque réside évidemment la somme de travail énorme à produire pour parvenir à "sortir avec quelqu'un qui vous plaise" en partant de son préliminaire, simple "s'inscrire au site".

Soit, il y a de l'injonction à désirer, mais à jouir ? Non, ça ne tient pas. Les pubs pour McDo sont suivies de mentions sur les dangers de l'obésité. Les réclames pour la bière enjoignent à "consommer avec modération". Just Do It encourage à l'auto-maîtrise et le perfectionnement par le sport. L'esthétique d'Apollon pour des individus obsédés par la tyrannie de soi. Vraiment, laissez tomber. On ne peut pas se réaliser en temps qu'individu avec l'idée de payer sur 5 ans une automobile neuve - quand grox max on pourra rouler à 130. Nul espoir de grande partouze à Center Park. On ne peut pas jouir avec 5 fruits et légumes dans le cul.

L'invitation permanente à des plaisirs idiots et coûteux, de conforts, encadrée par des lois infantilisantes, n'est pas compensée par une prise de position en faveur de la jouissance. Elle est perte de soi, lâcher prise, prise de risque et une augmentation déraisonnable de l'existence par les idées et la rencontre de l'autre. A la différence du confort, "jouir" est sans valeur marchande.

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3 août 2015 1 03 /08 /août /2015 11:43

"Some people fuck at funerals... i chop up heads". Travis Touchdown.

Elle ne reviendra pas. On le sait. Poison Mignon m'a dit : "Elle n'est déjà plus là, la personne qu'on connaissait. Ce n'est plus elle." Je crois qu'il est plus difficile d'accepter l'abandon de la famille qu'on s'est choisie. Les liens du sang, c'est bien joli -l'affect et les traumas rejoignent la génétique- mais paresseux. La famille, c'est le territoire de l'horreur primordiale. Un marécage bruissant et grouillant. Tu es à la fois la proie des grands prédateurs. Toi-même le vautours de proies plus petites. Et le documentariste d'un éco-système que tu connais par coeur. La famille choisie, c'est une autre histoire. Il y a des serments, des voeux et des renoncements. Des liens aussi fragiles que la volonté. Je voulais quoi au juste ? Qu'elle aille mieux - elle reprend ses médocs. Qu'elle trouve une épaule solide et aimante pour se construire - elle l'a eu tout ça avec Poison Mignon mais visiblement ça lui convient plus. Qu'elle apprenne à ne plus se laisser hanter par sa tarée de mère ou rabaisser par son père mutique - et là, difficile de lui en vouloir de quitter Strasbourg où nous sommes aussi. Heaven & Hell.

Alors voilà, repeat, il va falloir l'oublier. L'absence, ce deuil en blanc. PM a trouvé sa solution, arrêt du traitement et se laisser monter en hypomanie pour niquer, faire la fête, perdre la tête et la zapper. "Toute puissante comme une enfant de 4 ans". Moi je ne sais pas parce que je connais que les engagements pris dans ma tête vis à vis d'elle et les souvenirs de nos derniers moments. Autrement, je suis plus heureux et vivant aux côtés de La Bagarre que je ne l'ai été depuis des années. Alors au sujet de N., notre disparue, c'est peut être juste mon chevalier blanc qui saigne. Mission annulée, on ne l'a pas sauvé. Peut-être s'est-elle sauvée elle-même. Peut-être que tout ce love et cette injonction amicale à niquer la vie, ça a quand même compté. Mais merde, non, il n'y pas que ça. On ne fêtera pas qu'elle reprenne des études. On ne fêtera pas qu'elle prenne un studio seule ou qu'elle se trouve un taff. On ne fêtera pas leur anniversaire à PM et à elle. On ne fêtera plus le moment présent avec elle et cette joie d'être des grands malades et de terribles enfants. Je le sais, on inventera d'autres vies avec d'autres gens, on ira bien. Mais là, tout de suite et pour l'instant, il y a dans ce "bien" toute la résignation à laisser crever la beauté.

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2 août 2015 7 02 /08 /août /2015 09:19

Comment je suis devenu père. C'est une question qui a bien failli me rendre fou et à laquelle j'attribue une large part de ma tendance passée puis actuelle à l'intoxication quotidienne (prescription médicamenteuse récréative & bières aromatisées à la tequila <3). Je ne serais jamais tout à fait en paix parce que le choix d'être père m'a été retiré. Je l'ai d'abord considéré comme un hold up dans ma banque du sperme en mise à distance lolilol. Aujourd'hui... et bien, j'en ai arrêté la définition à ce qu'on peut appeler un viol symbolique.

DEVENIR PERE MALGRE SOI, LE DEROULE EN 11 ETAPES :

1 - Vous couchez de temps en temps avec une nana drôle et rock'n roll, déclarée stérile par la médecine (lol).

2 - Vous aimez vos parents mais bon c'était quand même bien fucked up leur cirque et dans votre discours publique et privé, le refus de (se) reproduire la malédiction a valeur de refrain d'hymne national. Devenir père ? Plutôt la vasectomie.

3 - 3 semaines après avoir mis fin sans grands heurts ni hauts cris à cette relation trop irrégulière pour lui donner un nom, vous recevez un appel d'urgence de sa part. "Oups la médecine s'est trompée" (lol-twist).

4 - Vous lui expliquez que vous avez deux principes. a- Elever un enfant doit être le projet éducatif commun de deux personnes qui au moment de la conception, au minimum, s'aiment. b-Personne n'a à dire à une femme ce qu'elle a à faire avec son corps (enceinte ou pas d'ailleurs).

5 - 1 semaine passe où elle feint de prendre une décision pour finalement vous lâcher un lyrique : "75% de mes amies pensent que je devrais le garder" ou encore ce cri du coeur maternel : "Une amie - qui a été longtemps la maîtresse finalement déçue d'un diplomate - m'a dit qu'elle aurait au moins du LUI PRENDRE UN ENFANT".

6 - Vous repensez au "75% d'amies d'accord", au "prenage d'enfant" et vous vous demandez qui est cette personne ? Est-elle réelle ? A-ton vraiment partagé des dizaines de soirées à discuter et à faire du sexe dans un confort d'entente moral chaleureux, mutuel et réciproque ? Impossible.

7 - Vous coupez tout contact avec elle. Vous êtes quand même là le jour de la naissance. Pour voir. Pour ne pas avoir manqué ça, au cas où ça prenne de l'importance plus tard. Parce que l'être que vous tenez dans vos mains n'a rien demandé, surtout pas d'être élevé sans père par une pondeuse à l'égoïsme banalement monstrueux.

8 - Recoupage de pont, c'est vraiment trop hard. Puis un an plus tard, vous annoncez à vos parents qu'ils sont grand-parents.

9 - Dans la foulée, ILS (cette part de votre famille et entourage qui ne vous comprennent pas) essayent de vous "papa-iser". De vous assigner de force à cette place que vous n'avez jamais souhaité. Dont la seule idée vous rend malade. Vous êtes patient, très patient mais ferme: "Vous serez ses grands parents si vous le souhaitez. Mais n'exigez rien de moi."

10 - Et puis vous vivez en coloc avec une écorchée vive, un être solaire qui quelques mois avant votre rencontre a traversé la France en stop pour retrouver son père qui s'est barré depuis toujours. Vous constatez en live les dégâts d'années d'absence paternelle et elle vous dit: "Mais putain qu'est ce qu'on s'en fout que ta vie ça soit de créer, d'écrire, de boire et de baiser ?! T'es un mec génial. T'es tellement vivant et riche de tout ça. Ta gamine, tu vas lui apprendre tellement de chose, elle va te surkiffer. Et non tu seras pas un papa chiant ou comme les autres."

11 - Depuis deux ans, vous voyez votre fille quelques heures tous les mercredi, les jours de fête aussi. Au début, très timide, reservée, aujourd'hui elle vous parle dans ce langage commun que vous avez à deux crée. Parce que vous aviez décrété que vous n'étiez pas obligé de l'aimer (ni elle non plus), mais en devoir d'être régulièrement là, le temps passé et joyeux aidant, vous vous êtes choisis. Comme toutes les relations qui valent le coup d'être vécues, c'est imparfait et vous ne pouviez rêver mieux.

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1 août 2015 6 01 /08 /août /2015 22:50

C'est soir sans. Je n'ai rien pris. Même si la mythologie du samedi soir ne m'atteint pas. L'air a le poids de mes pensées irrespirables. Je suis myope, putain de merde. Ca signifie que je porte bien trop longtemps des lentilles de contact qui me flinguent les yeux à force de ne pas en respecter le correct usage (le correct, à l'inverse du courtois, n'a jamais été mon fort). Et là je sais qu'elle est là quelque part, complétement défoncée. Je pense à elle. je souhaite qu'elle revienne. Je la réentend encore parler de son rapport à la bouffe de sa voix d'ado pas mué: "dès fois j'ai tellement faim si ça dure trop longtemps, ça me saoule, je peux plus manger".

Je me rappelle encore quand c'était elle mon mec et qu'elle me prenait fort que ma bite devenait la sienne. J'étais tellement SA PUTE et elle tellement MON MEC. Le premier. Le premier ça compte tellement pour moi, une fiotte refoulée. Il faut qu'elle revienne. Même si on en est clairement plus là. Il faut. Il faut. Reviens BB, on s'enculera. On sera pédé. Ca sera beau.

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31 juillet 2015 5 31 /07 /juillet /2015 10:10

Ca aurait pu s'appeler Fragment. Mais c'est prétentieux d'une unité à laquelle je ne crois pas. Ca aurait pu s'appeler Eclat. Mais je pense à un paquet de céréale aux pépites de chocolat. Les céréales, c'est un plaisir tourné vers la santé et l'idée de la dépense énergétique journalière. Ca pue la joie bien conne de l'économie de soi. Alors ça s'appelera Débris pour célébrer ce qui au contraire à la valeur du diamant brut. Un hommage maladroit avec des mots bancals à ce qui a luit.

Vous m'obsédez là, toutes avec vos problèmes qui sont aussi un peu les miens. J'ai tendance à, non, peur de, perdre les détails des heureux souvenirs parce que je ne peux décemment pas les écrire. On a bien des photos. On aurait du changer ce nom "photos" au moment où les téléphones nous ont permis d'en prendre à l'infini. Mais on les a. Si c'est trop douloureux, les plus souffrant d'entre nous les dégagerons des cartes mémoires, des disques durs. Une somme d'efforts logistiques pour arriver à se supporter. Effacer la dette. Réduire les pertes. Self-we delete. (Je me demande s'il existe une maladie mentale qui entasserait les souvenirs sur un grand écran, jusqu'à ce que chacun ne forme plus qu'un point et qu'on y voit plus rien - ça serait dingue).

C'est - ou c'était - bizarre et unique d'être l'ami de votre couple. Vous voir de plus ou moins loin, parfois de trop près, vous démerder toutes les deux. La putain d'aventure. Il y a eu la folie, l'amour, la danse, des frigos qui puent et l'ombre de la mort. Et tous ces parents de sang qui nous enferment, nous renient et nous déçoivent pour notre plus grand bien. La bonne nouvelle c'est que comme les leur avant nous, ils n'ont pas la moindre idée de qui nous sommes. Ils sont vieux. Ils ont peur. Ils sont coupables.

Je ne vous ai pas raconté ce que mon père m'a demandé au dernier repas où je leur présentais ma grande bagarre, mon aimée ? Comme à son habitude, après un troisième verre, mon père questionne à voix haute la magnitude de mon altérité - l'ampleur du désastre. "Mais Cyril... tu es... t'es un homme ?" suivi d'un petit rire mi affectueux, mi gêné. Ca m'a fait comme un brain freeze. Le symptôme du lapin pris dans les feux de la jeep en pleine nuit. Je réponds quoi à ça, putain ?

J'ai des trucs à faire. Je reviens à vous après, mais je reviens. A toute. Bisous.

--- Re.

Je disais quoi ?

Ouais. Là où vous vouliez être, personne ne vous a préparé à ça. Nos guerres sont des têtes à têtes. Sur tous les fronts, la tranché, et nos putains de cerveaux rafales. Richard III avait raison, la paix c'est pour les cons, pour les gens beaux et imbéciles, pour les gens-bons. Nous voulons la guerre par amour des trêves. Par amour, surtout. Il faut avoir échapper à la puissance du feu pour opposer l'amour à la bagarre. Et l'on ne peut rien pour les ignards, tous ceux qui voudraient qu'on ne vivent rien parce que derrière le jardiland de leur quotidien respectable, eux flippent de ne pas oser exister, de se faire du bien comme se faire mal. Appelons ça pour être gentil, une résistance endurçie à l'expérience de la liberté.

Je m'égare. Je vous égare. Je vous perds mais c'est un peu le concept du truc, m'voyez. Hold on. brb. ---

Mes minouz, mes chéries, Torgnole, Corback. Peut-être que c'est que dans ma tête et que mes mots vont passer par dessus les vôtres. Mais merde, vous êtes, vous étiez belles. La preuve que le catch dans la boue c'est pas forcément misogyne. C'est peut être toujours un peu d'humanité qui se cherche dans le magma informe des regards dégueulasses et envieux qui essayent de nous salir.

L'urgence, le spectacle, la passion, le drame et les volte-faces. La boue, la tranché et les balles perdues. Faudra t-il oublier les jolies chansons et toutes vos batailles gagnées ? Au contraire ériger une tombe pour le soldat inconnu et dans le marbre lui graver "A ce qui n'en finit pas d'en finir" ?

Je devrais travailler. Je pense à vous. Je celèbre votre union, je liquide votre rupture. Vous avez essayé. Prendre le même train chacune avec tout votre passé (cher payé). Vous avez essayé.

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28 juin 2015 7 28 /06 /juin /2015 01:48

Enoncer des choses simples. Des hommes veulent conserver le pouvoir. La fille s'ennuie. Je ne suis pas moi-même. Rien n'a de sens. Chacun se maintient bien assis dans sa salle de cinéma mental où l'on projette des séquences enchaînées sans cohérence, l'imagination se démerdera tout seule pour en tirer une histoire. La finalité est obsessionnelle.
La reconnaissance c'est s'affamer. Partout l'ennui, à moins de tout faire sauter. Je pense aux aliens qui en nous découvrant, visiteront le cimetière d'un asile de pédopsychiatrie. Pour l'instant, le feu. Pour le moment. Pour le moment. Il faut être pour.

Toute ces prisons. La femme que j'aime a honte. Le pouvoir c'est cette violence qui consiste à vouloir arracher des "je t'aime" à des papas mort, à des mamans mortes, à des arbres et à la terre. On ne mérite sans doute pas de vivre parce que le mérite a été inventé pour former des esclaves. Je fais l'expérience de tant de vérités et je suis si banal que je peux vous le révéler :
tout est vrai, personne ne vous ment vraiment. Vous avez si peu à craindre. Les victimes ne sont pas vos amis. J'ai abandonné la vocation de grandeur à la demande de mon père de m'y conformer. Et tant que vous ne comprendrez pas que le grand dieu pan est une flaque
de merde, vous ne l'aimerez jamais vraiment. Aimez.

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